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  • L’une des premières choses que je fis lors de mon arrivée à Liège fut de courir jusqu’à la salle philharmonique pour prendre des places de concert à prix tout à fait avantageux. Le concert d’ouverture du 28 septembre avait pour programme la 5e symphonie de Chostakovitch et le concerto pour piano de Schumann. Comme je ne suis pas un fan de celui-ci et que beaucoup d’amis mélomanes me recommandent régulièrement le concerto de ce compositeur, j’ai pensé qu’il était temps de mettre ma fierté de côté et d’aller le voir sous les doigts d’un grand pianiste dans une belle salle de concert, peut être allais-je être touché et comprendre enfin la musique de cette œuvre.

    Après un prélude symphonique d’un compositeur dont le nom m’échappe aux harmonies assez extraordinaires, l’orchestre se mettait en place pour le concerto. Les musiciens se chauffent sans attendre le premier violon. Ca discute et ça rigole de bon cœur dans l’orchestre. Ambiance très Wallonne. Enfin le premier violon arrive et accorde son orchestre. Puis arrivent le jeune et joyeux chef Christian Arming et le grand Nicholas Angelich. Cet imposant américain (contrairement à ce que son nom indique), aux mains immenses et aux doigts potelés allait jouer un concerto pour piano qui demande grande virtuosité.

    Lorsqu’il joue les dernières notes et plaque le dernier accord de La majeur, je n’ai toujours pas saisi la moindre note de ce concerto qui m’ennuie décidemment profondément, mais j’applaudis la performance remarquable d’un gros bonhomme capable d’autant de délicatesse. S’il est vrai que je n’ai pas frissonné un seul instant lors du concerto sinon lorsqu’un léger courant d’air vint me caresser l’occiput, j’étais impressionné par les pianissimos formidables qu’Angelich produisait en caressant les touches avec grâce et légèreté.

    Mais le meilleur moment du concerto, ce fut l’ovation qu’il reçut et la modestie qu’il afficha pendant son acclamation. Nicholas Angelich, pianiste déjà célèbre ayant joué dans les plus grandes salles du monde et avec les plus grands chefs d’orchestres, ne voulait pas d’applaudissement pour lui seul. A chaque fois qu’il salua le public, il demanda au chef d’orchestre de se joindre à lui, et chaque fois qu’il revint saluer, quatre ou cinq fois, il allait serrer la main du premier et du second violon. Ce soir là, la consécration n’était pas pour Angelich mais pour les jeunes musiciens applaudis par ce grand monsieur qui voulait mettre en avant tout le travail de l’orchestre et l’œuvre collective. Ce vendredi 28 septembre, Nicholas Angelich a probablement fait ce qu’il fait à chaque fois qu’il joue avec un orchestre, et c’est ça le plus formidable, c’est une véritable leçon de musique pendant le concert, et d’humilité à la fin. Un état d’esprit remarquable, une gentillesse débordante et une sincère modestie. La classe internationale.  


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